Alpine Le Mans
Pur-sang dieppois

 

 

Vendue à à peine plus de 300 exemplaires, l'Alpine Le Mans est aujourd'hui devenue un modèle de collection presque autant recherché et apprécié que la mythique Berlinette. Sa ligne superbe la fait considérer, à fort juste titre, comme la plus réussie des Alpine modernes.

Affirmer son style

En 1985, pour remplacer l'A310 V6, Alpine lance son nouveau modèle, la GTA, mais après les lignes très typées de l'A310, la GTA paraît presque timide en comparaison. L'ensemble ne manque pas de style mais sa ligne est jugée trop fade, surtout pour la face avant qui manque de caractère. Plusieurs sociétés extérieures à Alpine, davantage conscientes de ce problème, se sont penchées sur le look de la GTA pour lui donner le caractère qui lui faisait défaut. Les premiers essais donnèrent lieu à des retouches plutôt discrètes (bas de caisse, ailerons, spoilers, etc.) qui avaient l'inévitable inconvénient de paraître "rajouté". L'ensemble manquait d'harmonie et le dessin de la voiture ne s'en trouvait pas plus beau, bien au contraire. A mettre à part dans ces réalisations, la GTA V6 turbo du Centre Alpine de Boulogne qui bien avant la Le Mans, proposait une vraie évolution du style de la GTA (sans parler de l'amélioration du moteur et du châssis) mais ceci est une autre histoire.

   

Naissance outre-Rhin

Etonnamment, c'est en Allemagne que l'on trouve le plus d'adeptes de la transformation de la carrosserie de l'Alpine. Parmi eux, le très actif Hans Fleischmann, connu notamment pour ses kits d'A310 V6 puis par la suite, lorsque qu'elle sorti, de GTA. Un peu moins connu aujourd'hui, Kleinemeir ne fut pas moins actif, il proposait à l'époque, de nombreux kits de transformation pour Alpine. En 1988, il élabore sur la base d'une GTA, un kit très évolué virilisant les lignes de la sportive Française.

Les retouches

La première GTA modifiée par Kleinemeier puis présentée à l'usine Alpine.

Les modifications portent essentiellement sur la face avant qui forme avec les ailes, un seul ensemble très esthétique. Les clignotants prennent place sur le bouclier dont la forme évolue et qui reçoit dans sa partie basse, deux feux antibrouillard. La deuxième évolution importante fut l'élargissement des ailes avant et arrière un peu à la manière de ce qui fut fait sur l'A310 Pack GT quelques années auparavant. Mais ici, la modification est beaucoup plus aboutie stylistiquement (sur l'A310, il s'agissait de simples extensions venant s'ajouter aux ailes d'origine), la forme des ailes est magnifiquement modifiée mais sans excès. En conséquent, les ridicules jantes de 15 pouces d'origine furent changées pour de superbes jantes "nid d'abeille" en trois parties dont les dimensions passèrent à 16 pouces à l'avant et 17 à l'arrière. Enfin, le bouclier arrière fut modifié de manière à entourer correctement les sorties d'échappement qui sont désormais rondes.

Du prototype à la série

L'ensemble est magnifique, l'Alpine a gagné en allure, en style et en agressivité. Les modifications, finalement pas si importantes que cela, donnent à l'auto le caractère qui faisait tant défaut à la GTA. Cette GTA modifiée (qui ne porte pas encore le nom de "Le Mans") est présentée à Jacques Martin, alors PD-G de l'usine Alpine. Il est immédiatement conquis par la beauté des lignes et décide de la soumettre au directeur du design Renault, Patrick le Quément. Lui aussi est conquis par la beauté de cette nouvelle Alpine et donne son feu vert au lancement en production. Chez Alpine, un gros travail d'industrialisation commence alors, il faut adapter à la production les outils fournis par Kleinemeir. Quelques petites modifications seront effectuées sur le bouclier avant notamment (déplacement des clignotants pour une mise en conformité avec le code de la route, déplacement des feux antibrouillard et légère modification de l'entrée d'air du radiateur) et sur la face avant il sera dessiné une découpe ronde, pour accueillir le nouveau logo Alpine en lieu et place de l'affreux losange.

Le ramage

Si le style fut unanimement applaudi, les critiques ne manquèrent pas au sujet de la mécanique qui animait cette splendide Le Mans. En effet, réglementation oblige, toutes les Alpine seront désormais catalysées. Et le problème c'est que la dépollution du V6 turbocompressé lui fit perdre quelques chevaux, ainsi, sur le papier, des 200 chevaux de la GTA V6 turbo française (les autres GTA étrangères sont, à cette période toutes catalysées) on tombe à 185 chevaux. Cette baisse de puissance ne serait que négligeable en elle-même si parallèlement, la Renault 25 V6 turbo, n'avait pas gagné 23 chevaux dans la même opération, passant ainsi de 182 à 205 chevaux. En France, c'est l'incompréhension, alors que Renault clamait haut et fort qu'Alpine devait retrouver son rang, voilà, que la Le Mans, sous une splendide robe agressive, devait se contenter d'un moteur à la puissance réduite.

Puissance et baisse, agrément en hausse

En réalité, la perte de puissance est davantage négative sur le plan commercial que sur celui des performances, car les différences sont peu perceptibles, il faut vraiment un chronomètre pour s'en rendre compte. Aussi, les qualités de ce V6 dépollué par rapport à la version 200 chevaux, à savoir le couple légèrement plus élevé et une meilleure répartition de ce dernier, sont passées totalement inaperçues, on peut même ajouter que l'effet "turbo" a bien été atténué depuis les première V6 turbo. La Le Mans n'était pas du tout sous-motorisée comme on a pu l'entendre ça et là, on était arrivé à un modèle beaucoup plus homogène que la V6 turbo classique mais avec 15 chevaux de moins sur le papier, on ne s'en est pas rendu compte. On ne s'est pas non plus rendu compte que les nouvelles roues arrière qui ont un développement supérieur à celles de la V6 turbo classique, ont eu pour effet immanquable d'allonger la transmission et ainsi, de réduire d'autant les reprises.

La Le Mans dopée

Consciente du point négatif que représente une baisse de puissance, l'usine Alpine propose, par l'intermédiaire de la société Danielson, une modification du moteur portant sa puissance à 210 chevaux et surtout son couple à 35 m.kg, rapportant ainsi le ramage au plumage de cette splendide Le Mans. Disponible uniquement pour le marché français, cette transformation coûtait 16000 F de l'époque, à ajouter au prix d'achat de l'auto.

Conclusion

D'un design revu par rapport à la GTA, l'Alpine Le Mans apparaît comme la plus réussie des Alpine modernes. Treize ans après sa sortie, elle a su conquérir le cœur des Alpinistes et son moteur catalysé, tant critiqué à sa sortie, convient parfaitement à tous les propriétaires qui roulent aujourd'hui en Le Mans.

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