Collet MC1

 

A la fin des années 60, les grandes firmes automobiles n'ont pas encore étendu leur hégémonie à l'ensemble de la production automobile. Nombre d'artisans et bricoleurs de génie réalisent encore la voiture de leur rêve. Ces petits constructeurs sans patente produiront de superbes machines, souvent en un seul exemplaire. En 1969, de nombreuses réalisations artisanales (Ligier, Abarth Scorpione, CG...) figurent en bonne place au Salon de l'Automobile. Ces voitures marginales remportent l'adhésion d'un public jeune, passionné par les succès grandissant en compétition d'une marque dieppoise dénommée Alpine. Parallèlement, différents constructeurs aux moyens très limités, réalisent des véhicules censés nous faire "rouler différent".

Jeune étudiant en dessin industriel, Michel Collet adore le karting. Cette mode, déferlant des Etats-Unis envahit la France des années 1960. Cependant, son rêve coûte cher, il décide donc de réaliser son propre kart. Fou de mécanique mais néanmoins sérieux, notre ami songe qu'après avoir fait trois fois le tour du pâté de maison, il se lasserait vite de son engin. L'idée de quelque chose de plus pratique, pouvant rouler tous les jours germe dans son esprit. Les aspirations de Michel s'oriente naturellement vers une voiture sportive, mais qui ne soit pas non plus ridicule sur route, avec des lignes dans l'air du temps. De fait, sa première idée lui vient en voyant une barquette Marcadier, machine très performante. Toutefois, la sienne devra posséder un toit plus pratique pour les déplacements journaliers, et comme il souhaite également bénéficier des rayons du soleil, il adoptera un système très en vogue sur les Porsche de l'époque : le toit Targa.

Notre ami n'est pas un féru de mécanique. Ainsi, acquiert un moteur qui "court les rues", sans le modifier, il s'agit de l'habituel 1300cc Gordini de la R8. Il déniche deux épaves, dont l'une s'avère être équipée de la très performante version 1296cc. Il en cannibalisera tous les éléments mécaniques, moteur, transmission, boîte, freinage, et suspensions pour les greffer sur son proto. Seules quelques pièces proviendront de marques différentes comme les charnières de portes d'Austin Mini, les sièges et le bocal d'eau d'une Lotus Europe, les serrures de portes d'une Renault 16, les phares de Matra 530, les veilleuses d'une Simca 1000...

   

En se basant sur des clichés et des témoignages d'époque, Michel dessine la structure de sa voiture. Il s'inspire du châssis tubulaire de l'Alfa Tubolare, relativement facile à mettre en oeuvre. En revanche, la carrosserie se révèle assez délicate à réaliser. Il faut étudier un moule pour chaque pièce et ajuster avec soin chaque élément. Au fur et à mesure que l'engin prend forme, notre ami ouve confronté à quelques petits soucis : l'oubli de l'emplacement du réservoir, oublié sur ses plans, comme celui des joints d'étanchéité et une foule de détails qui finissent par agacer. Pourtant, après 3 ans de travail et quelques moments de découragement, de doutes, et de galères, la satisfaction de voir enfin sa voiture terminée l'envahit d'une certaine fierté ... méritée.

      

Première sortie, première peur. Malgré le bonheur de rouler dans un engin réalisé de ses mains, le moindre bruit devient suspect et angoisse Michel. Pourtant une fois ces tours de roue effectués, le voici rassuré : la MC1 semble bien née. La dernière ligne droite vers l'aboutissement de son rêve reste d'obtenir une carte grise afin de pouvoir rouler légalement, mais aussi de donner un nom à sa création. Le service des Mines, beaucoup plus souple en ces années d'expansion qu'aujourd'hui, accueille favorablement la demande de réception de cette construction très honorablement réalisée.

Grâce à son moteur de 102ch DIN et un poids réduit à 700kg, la Collet MC1 file à 200km/h.


 

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