Guy Ligier prend le contre-pied des usages. Son auto est tout d'abord conçu pour la course, et il envisage ensuite de la faire rouler sur la route. Une démarche intéressante qui démarre en 1969 avec la JS1 (pour Jo Schlesser, pilote et ami, décédé en course l'année précédente). Ce qui aurait pu passer pour une simple production artisanale n'en est pas une. La Ligier a été dessinée par une équipe de techniciens hautement qualifiés et expérimentés. Le sérieux ne fait aucun doute. Il reste cependant une question d'importance : comment la clientèle va-t-elle interpréter ce manque d'image ? Par ailleurs, le tarif est franchement optimiste. Le prix de la JS2 surpasse en effet de 22.000F celui de la Citroën SM…

Le premier modèle définitif voit le jour en juillet 1971. C'est un coupé à moteur central arrière avec un châssis constitué par une structure à poutre centrale. Cette structure est composée de sandwichs de tôle d'acier et de mousse en polyuréthane. Le moteur est identique à celui de la Citroën SM. Il s'agit d'une mécanique Maserati, un V6 de 170ch, qui voit ensuite sa puissance portée à 195ch par augmentation de la cylindrée. Cette puissance peut paraître convaincante au regard du poids contenu. Mais la concurrence conserve une longueur d'avance en termes de performances. Et, une fois encore, la JS2 n'a pas la même aura qu'une Porsche 911 2,4S ou qu'une Dino Ferrari.

La ligne est trapue et non dénuée d'agressivité. A l'époque, les avis divergent pourtant. Certains la jugent particulièrement réussie. D'autres lui reprochent son allure tourmentée. L'intérieur se veut sportif, mais le style choisi manque par trop de classe. Pour l'anecdote, l'absence de vitre de séparation au-dessus de la cloison pare-feu du moteur présente une étanchéité imparfaite. Les odeurs d'huile pouvaient ainsi remontées dans l'habitacle. Avouez que la clientèle Porsche avait de quoi être étonné…

Mais la JS2 n'a pas été conçue pour ravir les amateurs de prestige. Elle est dédiée à ceux que la conduit sportive captive. Et, sur route, elle donne la pleine mesure d'elle-même. Sa direction s'avère très franche et précise. Ceux qui l'ont conduite s'accordent pour dire que sa tenue de cap est excellente à haute vitesse. La JS2 est en effet capable de 235km/h (malgré le valeureux 300km/h inscrit au compteur). Les accélérations deviennent convaincantes avec la version 195ch. Le 1000m DA (en 27"2) n'a plus à rougir devant celui des 911 et autres Dino. Mais quelques années plus tard, Ligier se concentre sur la compétition et se détourne de la production de série. Les modèles produits sont donc abandonnés aux concessionnaires Citroën, en pleine crise pétrolière. Joli cadeau…

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