Manic

 

Canadienne de naissance, la Manic est française de coeur. Française, parce que son créateur, Jacques About, est un français installé au Québec ; française parce que sa mécanique et ses organes principaux viennent de chez Renault ; française, parce qu'étudiée en partie chez Grac.

Réaliser un rêve n'est pas toujours à la portée de tous ; c'est pourtant le cas d'un jeune industriel québécois, ex-professeur de Judo, Jacques About, fils de Pierre About. Vivant à Montréal, débrouillard, amibitieux, dynamique comme bien peu, Jacques About a su profiter à temps et à fond des possibilités immenses que lui offrait un pays en pleine évolution.

Pour un Canadien, et plus particulièrement un Québécois, Manic est un symbole de force, de persévérance, de réussite technique, de dépassement de l'homme face à la nature, de performance. Manis est l'abréviation du mot indien Manicougan, nom donné à un des barrages hydrauliques les plus importants du monde, construit sur la rivière du même nom s'écoulant au nord de la Province du Québec.Choisir un tel nom identifiat la voiture à une réalité canadienne chère à tous et ne permettait pas la médiocrité.

Mais pour se lancer dans la construction automobile, rentable de surcroît, il faut penser production en masse et disposer pour ce faire d'un capital de base important. Or, en 1968, Jacques About est passionné de mécanique mais sans argent. Attiré comme tous les hommes de son âge par la compétition, il fonde avec quelques copains l'Ecurie Manic Inc.

Les cigarettes "Gitane" donnent un coup de pouce sauveur, l'enthousiasme fait le reste. Jacques About croit en la Formule C, l'équivalent canadien de notre Formule France. Il envoie un de ses mécaniciens à Valence, chez GRAC, pour étudier la fabrication des monoplaces, et quelquyes mois plus tard, il sort de ses ateliers la première Manic-GRAC. La voiture marche fort bien, aux victoires succèdent les victoires, la petite entreprise est lancée et connue des financiers. La première étape est franchie.

Depuis le début de son expérience automobile, l'idée d'une voiture sportive, conçue pour la route, à un prix raisonnable, ne quitte jamais l'esprit de Jacques About. Serge Soumille, styliste, se voit confier l'étude d'un dessin d'une voiture correspondante. En avril 1969, le premier prototype de Manic GT était exposé au Salon de l'Automobile de Montréal.

La production en série de la Manic GT commença en octobre 1969 à raison d'une, puis deux voitures par semaine. La voiture illustrant cette page est la version qui fut ensuite produite au rythme d'un exemplaire par jour !Après une très sérieuse étude des marchés américains et canadiens d'abord, puis européens ensuite, il s'agissait pour About non pas de faire une voiture de course genre Alpine, ni un petit proto artisanal, mais une vraie 2 places adaptée à toutes les routes, alliant l'élégance de la carrosserie à la solidité, l'économie d'entretien et aux performances correctes. Une voiture de jeunes, une deuxième voiture de moins jeunes aimant conduire, un bijou des femmes rêvant d'autres choses que de Coccinelles. Le tout à un prix n'excédant pas 3.000$, soit 15.000F de l'époque, prix permis par un volume, fruit d'un manufacturier d'importance moyenne et pas d'une petite entreprise.

Au Salon International de Montréal 1970, le succès de la Manic fut tel qu'il fallut penser à organiser plus sérieusement la gestion de la compagnie. Un comité financier évalua à 1.000.000 de dollars la valeur de la compagnie, dont 40% furent vendus à des institutions financières. Une usine de 6.500 m2 fut construite à l'est de Montréal, des investissements de l'orde du million et demi de dollars lui ont permis de produire dès l'ouverture 5 voitures par jour, et 15 voitures à partir de 1973. Afin de faciliter cette expansion rapide, Manic se rapprocha de Soma, l'usine fabriquant les Renault canadiennes. Renault assura une partie de la distribution des Manic en France.

L'intérieur de la voiture est bien fini, la moquette épaisse, les deux sièges baquets du type de ceux se répandant de plus en plus au début des années 70, confortables, le levier de vitesses très court tombe bien en main, l'équipement parait complet, le seul point négatif est le volant un peu bas, mais il y fut remédié par la suite.

Le châssis consiste en un plancher de R8 renforcé par un châssis tubulaire à arceau de sécurité incorporé. La carrosserie est en fibre de verre stratifiée. Les différents moteurs montés étaient des 4 cylindres Renault à 5 paliers, le 1289cc donnant 65 ou 80ch, le R8 Gordini 1255cc donnant 103ch SAE, et le R12 Gordini de 113ch DIN. La transmission se fait par une boîte à 4 ou 5 rapports. La suspension est constituée de 4 ressorts hélicoïdaux et amortisseurs télescopiques sur les 4 roues indépendantes. Le système de freinage compte deux circuits est offre un disque à chaque roue. Suivant la motorisation, la vitesse de pointe oscillait entre 165km/h et jusqu'à plus de 200.


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