La MVS Venturi

Deux ans après le début de l'aventure MVS, la Venturi, son premier enfant, roule (fort bien d'ailleurs...). Cette première voiture roulante est présentée officiellement au Trocadéro à Paris au mois de mai 1986, lors d'une grande manifestation commentée par... Léon Zitrone. Elle est proposée à la clientèle pour la somme de 269 000 Francs en 1987, représentant un prix fort raisonnable en rapport à ceux proposés par la concurrence.

La ligne agréable, le châssis rigoureux et l'intérieur de luxe font de la première Venturi une voiture estimée. C'est la première et certainement la plus pure des Venturi. Née MVS, elle deviendra Venturi 200 puis 210. On ne se lasse pas de tant d'équilibre et puis surtout, quel châssis !

Lignes tendues, sans fioritures inutiles, la Venturi est ce que l'on appelle une belle voiture. Issus de la grande série pour des raisons d'économie, les accessoires sont si bien intégrés qu'on les remarque à peine : le pare-brise de Fuego, les rétros de CX et les feux de BMW Série 3, vous les aviez vu ? Et après tout, Aston Martin piochera bien chez VW des feux de Scirocco pour sa Virage...

Contrairement à de nombreuses GT, l'accès à bord ne pose aucun souci. Une fois derrière le volant, on découvre une position de conduite parfaite (hormis le maintien latéral, en appui) où chacun trouvera ses aises grâce au volant Momo Cobra placé pile où il faut et au dessin des superbes sièges aux multiples réglages...électriques ! Ensuite, il y a cette planche de bord ultra-complète (mais aux manos plutot farfelus...) qui vous saute à la figure. Serais-je dans une Jaguar XJ-S ? Non, car du cuir, il y en a ici partout. Qualité des matériaux (loupe d'orme, cuir connoly, ciel de toit en Alcantara...) et de finition (coutures et ajustements) ne se contente pas de flatter l'oeil, mais résiste aussi au temps. Certes, on pourrait encore objecter les commodos et autres interrupteurs d'origine Peugeot, mais ce serait oublier les accessoires Fiat d'une Ferrari... Cette débauche de luxe avait un prix mais il est bon de rappeler qu'ici, glaces, rétroviseurs (chauffants) et sièges électriques, climatisation, direction assistée, radio et cuir ne figuraient pas aux chapitre des options. Sûr, ça changeait de chez Porsche !

L'architecture est intéressante. En effet, le moteur est en position longitudinale sauf qu'il est placé en avant des roues arrières, l'implantation la plus noble qui soit en matière d'automobile française. C'est une architecture dérivée des voitures conçues pour la course.

Le changement de mécanique des prototypes (qui essayèrent aussi bien des 4 cylindres que des V6) ne posa aucun problème pour le châssis en raison, au départ, d'un dessin original et mixte de Claude Poiraud. Les années que ce dernier passa à Dieppe chez Alpine lui avait fait découvrir les bienfaits d'un châssis à poutre centrale. Il reprit ce principe mais en y apportant une touche personnelle et un certain raffinement. La poutre centrale, par laquelle passe l'essentiel des contraintes, est renforcée par des caissons, ce qui procure vraiment à ce châssis une résistance à la torsion exceptionnelle.

Une Venturi se vit sur la route le plus naturellement du monde. Ce qui frappe avant tout, c'est sa facilité d'utilisation et son incroyable homogénéité. A travers le pare-brise, la visibilité est excellente, le pédalier n'est pas trop resseré inutilement, ne nécessite pas des mollets de bodybuilder, et le confort s'avère ferme juste ce qu'il faut. Histoire de chipoter et de ne pas trop se faire taxer de chauvinisme, commençons par les petits reproches. Si le levier de vitesses tombe bien en main, la sélection, elle, nécessite quelques secondes d'adaptation : débattements un poil longs, 2e donnant l'impression de ne pas bien vérrouiller et, surtout, commande par tringlerie se révélant un peu "spongieuse". Côté freinage, fort correct, on regrette simplement un manque de mordant à l'attaque. Enfin, la direction, directe (moins de 3 tours de volant) et ultra-précise, procure une sensation de "flottement" à très haute vitesse. Des broutilles que l'on oublie cependant vite tant les qualités dynamiques de la Venturi sont bluffantes d'efficacité. Parfaitement campée sur ses larges pneus, capable d'enchaîner sans effort et en toute sécurité les virages à des vitesses inavouables, pour un coup d'essai, il s'agissait là d'un coup de maître ! Alors, forcément, et c'est le lot de toutes les voitures à moteur central à la tenue de route impeccable, l'amateur de sensations ultra-sportives trouvera les 200ch un peu justes...

Le moteur est le V6 PRV de 180ch qui équipe déjà l'Alpine GTA V6 Turbo mais il est modifié par EIA qui lui rajoute en plus un turbo et qui en tire ainsi 200ch à 5750tr/mn et 29,6mkg à 2500tr/mn.
Il s'avère très agréable : souple, il autorise d'enrouler sur le couple sans avoir à changer de rapport. De plus, l'effet turbo est bien maîtrisé : tant que l'on appuie pas à fond sur l'accélérateur (à l'instar d'un kick down avec une boîte auto), il ne vous fera pas de coup dans le dos, détail appréciable sous la pluie... Rien à voir avec la brutalité type "off/on" d'une Porsche 930 par exemple, mais rien non plus avec la linéarité d'une Porsche 944 Turbo. Ici, on perçoit un temps de réponse, mais très faible et peu gênant. Sympa, en mettant les gaz, il vous prévient même son entrée en action par un ludique "pshhittt" allant crescendo, tout en vous écrasant dans le siège. Ceci assimilé, on s'amuse alors à enfoncer légèrement l'accélérateur de façon à entendre un petit sifflement et, lors de cette phase de "léchage", on se sent comme porté, tandis que le V6 n'attend qu'une chose : vous propulser ! Dès les 5500tr/mn atteints, on passe le rapport supérieur, et ce, jusqu'en 5e... en priant alors le ciel de ne pas se faire flasher !

En provoquant sous et survirage, pour faire la démonstration de son comportement à la limite, la Venturi semble virer comme autour d'un axe qui serait planté exactement en son centre. Un sens de l'équilibre magistral ! Ma conclusion ? Si vous privilégiez avant tout la fiabilité, tournez-vous vers la même Porsche que votre voisin ; si seul un logo en bout de capot vous fait fantasmer, préférez une petite Ferrari V8 ; mais si vous êtes un fin connaisseur d'automobiles d'exception... craquez sans plus tarder pour une Venturi !

A noter que peu de temps avant la sortie de la 2,80 SPC, le préparateur lyonnais Bruno Fochesato présentait une Venturi dont la puissance était portée à 250 chevaux. Mais la sortie de la 2,80 SPC fit de la version 250 chevaux une doublure, alors il prépara une nouvelle évolution de 235 chevaux qui se présentait en brillante intermédiaire entre la 200 et la 2,80 SPC pour à l'époque seulement 30 000 Francs de plus que le modèle "de base" de 200 chevaux proposé par l'usine.

>>> Retrouvez l'Alpine A110 sur le site de notre partenaire
L'Automobile-Sportive.com >>>



Retour en Page d'Acceuil >>>