René Bonnet

  Séparé depuis quelques mois de son associé Charles Deutsch avec lequel il avait fondé la marque DB 25 ans plus tôt, René Bonnet présente au salon de 1962 trois nouveaux modèles exclusivement basés sur des mécaniques Renault.

  Charles et René, les deux compères qui semblaient inséparables ont cassé leur association au début de l'année 1962. Passionnés de sport automobile, ces hommes au caractère bien différent avaient toujours su rester unis pour défendre les chances de leur petite firme, ils s'étaient notamment battus avec acharnement pour faire triompher leur voiture dans les courses les plus difficiles, en particulier au Mans. De nombreuses raisons expliquent leur divorce mais l'une des plus sérieuses concerne le choix des motorisations, Charles Deutsch souhaitant rester fidèle à Panhard tandis que René Bonnet voulait coopérer avec Renault. Les 24 heures du Mans 1962 ont symbolisé cette séparation : la coupé Panhard CD se retrouvant face à un coupé Djet à moteur Gordini. Après la dissolution de la firme DB, René Bonnet poursuit seul la fabrication du cabriolet Le Mans déjà connu auquel il a apporté quelques modifications. Simultanément il a préparé la Missile décapotable toute nouvelle sur une plate forme de R4 L et enfin il a extrapolé un coupé routier de son modèle Djet de compétition. Ces  trois modèles sont produits dans l'usine moderne de 12.000m2 dont dispose Bonnet à Romorantin.

Missile

   

  Le nouveau cabriolet Missile a été étudié dans des délais extrêmement courts afin d'être prêt pour le salon de Paris d'octobre 1962, la décision de fabriquer un tel modèle n'ayant été prise que quelques mois plus tôt. La carrosserie en polyester stratifié se fixe sur une plate forme de R4 L avec longerons intégrés sur laquelle on retrouve des éléments de provenance Renault : moteur et boite de Dauphine 1093, suspension bridée de R4 L, freins à disques de R8.

Ce cabriolet tient parfaitement la route, freine bien, consomme relativement peu et se dirige facilement  grâce a une direction qui reste légère malgré la répartition du poids (350kg sur l'avant contre 210kg à l'arrière), enfin les sièges sont confortables. Ces points positifs sont malheuresement contrebalancés par des défauts bien réels qui trahissent l'étude hâtive de la Missile : pédales mal disposées, faiblesse de finition et étanchéité pas toujours efficace...

Le Mans

  Le cabriolet Le Mans dérive de la traction avant décapotable du même nom lancée par DB à la fin des années 50. Il reprend les trains roulant et un certain nombre d'éléments mécanique du précédent modèle mais le moteur 850cc Panhard a cédé sa place à un moteur 1100cc Gordini disposant d'une dizaine de chevaux supplémentaires. Par ailleurs la direction auparavant à crémaillère laisse place à un système à vis et galet. L'aspect de la voiture a été bien amélioré par l'adoption de doubles phares Marchall Megalux semblables à ceux des Facel-Vega, de plus le bossage sur le capot est accentué pour loger le nouveau moteur plus encombrant.

Djet

  Après avoir débuté en course aux 1000km du Nürburgring en mai 1962 puis aux 24 heures du Mans le mois suivant, le coupé Djet va devenir un modèle de production à partir du printemps 1963. C'est la première voiture au monde disposant d'un moteur central. Cette disposition se retrouvait couramment sur les modèles de compétition mais elle n'avait pas encore été retenues sur un coupé destiné à être produit. La forme de la carrosserie est du à Marcel Hubert qui a aussi travaillé pour Alpine.

Les prototypes Djet disposait d'une caisse monocoque en polyester stratifié dans laquelle on avait incorporé un châssis multitubulaire lors du moulage. René Bonnet conserve ce procédé de fabrication pour ses coupés de compétition, mais afin de répondre aux impératifs de la production en petite série, le constructeur a du étudier un nouveau châssis indépendant à poutre centrale sur lequel vient se fixer la coque.

La gamme des Djet se compose donc de 4 modèles :

-Djet I avec moteur 1100cc et châssis à poutre centrale
-Djet II avec moteur 996 ou 1100cc a culasse hémisphérique et châssis à poutre centrale
-Djet III avec la mécanique de la Djet II montée dans un châssis multitubulaire
-Djet IV avec moteur 996cc à double arbre à came en tête et châssis multitubulaire

Cependant, l'achat de l'usine de Romorantin a obligé René Bonnet a emprunté une forte somme à Marcel Chassagny (le fondateur de Matra). Bonnet ne pouvant le rembourser, Chassagny décide finalement de racheter l'entreprise, sur les conseils de Jean-Luc Lagardère, jeune Directeur Général de Matra et, lui aussi, fou de voitures.

L'affaire est conclue le 14 octobre 1964 et la reprise est officiellement annoncée au Salon de Paris, en même temps que la création de la SARL Matra Sports et regroupant, d'une part, la société Automobiles Bonnet & la Générale d'Applications Plastiques et, d'autre part, le département nautisme de Matra. D'où le pluriel de Matra Sports.


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