Alpine Renault A110 :

Négociantes en virages

Modeste dans sa définition mécanique, l'Alpine A110 n'en est pas moins devenue un mythe véritable, au capital sympathie extraordinaire. Simplement, la voir évoluer à l'assaut d'un col était un véritable plaisir, la conduire un vrai cadeau.

 

Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, Jean Rédélé vendait des Renault la semaine, à Dieppe, sa ville natale, et en démontait toutes les capacités le week-end venu, dans les épreuves routières du moment. Son arme ? La 4CV Renault ! A son volant, Rédélé excelle, étonne même. Il ne cesse d'en améliorer les performances, loge avec l'ingénieur Claude 5 rapports dans une boîte qui n'en contenait que 3. Rédélé rêve d'une petite sportive française, simple et populaire, fiable et légère. L'Alpine est en train de naître.


La première Alpine sort en 1955 au salon de Paris, c'est le
coach A106. La voiture est construite dans le garage de Rédélé, à Dieppe.

La 4CV constituera la base des premières Alpine, mais mécaniquement, la Renault devient limitée. Un châssis spécifique, originale avec sa poutre centrale et ses "râteaux" de tubes aux extrémités et supportant la mécanique, est développé et l'Italien Michelotti, aidé de Jean Rédélé lui-même, trace la ligne de cette carrosserie qui allait rentrer dans la légende. L'Alpine Renault A110 Berlinette est simplement belle, menue, parfaitement galbée.

 

Au tout début, elle hérite de mécaniques issues de la Dauphine. Pas de quoi fouetter un chat ! Puis vinrent celles, plus affirmées, de la R8. De la Gordini, notamment, avec sa boîte 5 et sa centaine de ch SAE. La Berlinette A110 grimpe en puissance et s'affirme dans les compétitions routières. Sa puissance n'est jamais terrifiante, mais elle a un autre atout : son poids ridicule. Parfois, cela vaut mieux qu'une bonne poignée de chevaux supplémentaires.

En rallye, elle devient même l'arme absolue. Elle collectionne les succès, accumule les titres divers, en France et en Europe. La plus aboutie reste sans conteste la 1600S, qui adopte le 4 cylindres en aluminium mis au point pour la Renault 16. La puissance grimpe à 125ch et la Berlinette 1600S fait vraiment peur, cette fois-ci. Elle gagne les plus grandes épreuves : Monte-Carlo, Corse, Maroc, Portugal… Elle devient même championne du monde et il faudra toute la puissance des Porsche 911 ou des Lancia Stratos, à qui elle rend jusqu'à 150ch, pour la déloger du haut des podiums.

 

Conduire une Berlinette Alpine est un plaisir pur. On ne monte pas à son bord, on s'y insère selon un rituel bien précis. L'intérieur est ridiculement petit, et, pourtant, on s'y sent parfaitement bien, au plus profond du siège-baquet, le petit volant bien en main découvrant une instrumentation magique faisant corps avec la mécanique. L'odeur caractéristique du polyester mêlée de vapeur d'essence est inimitable.

On tourne la clé, et tout prend vie, vibre. Le moteur derrière les épaules, le bruit est vite assourdissant. On joue naturellement avec le levier de vitesses. La boîte est d'ailleurs bien étagée, ce qui compense une mécanique qui n'a rien d'impressionnant. Mais le meilleur est ailleurs, dans cette faculté de sauter d'une corde à une autre. L'Alpine ne sais pas rester tranquille. Elle joue avec la route, vous incite à toujours passer plus fort. Elle danse si bien qu'elle vous donnerait presque du talent.

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